Ancora una fotografia

Chi è, che si stupisce, che si chiede
Se deve riconoscersi in questa immagine?
Deve essere estate, e un giardino
In cui cinque o sei persone sono riunite.

Ed era quando, e dove, e dopo cosa?
Questi, chi furono, gli uni per gli altri?
E poi, se ne preoccupavano? Indifferenti
Come già la loro morte chiedeva loro d’essere.

Ma questo, che guarda quest’altro
Pur se intimorito! Strano fiore
Questo frammento di fotografia!

L’essere cresce a caso nelle vie. Un’erba povera
Che lotta tra le facciate e il marciapiede.
E questi rari passanti, già delle ombre.

(Yves Bonnefoy, Tours 1923, da L’ora presente, Mondadori 2013)

Qui est-il, qui s’étonne, qui se demande
S’il doit se reconnaitre dans cette image?
C’est l’été, vraisemblablement, et un jardin
Où cinq ou six personnes sont réunies.

Et c’était quand, et où, et après quoi?
Ces gens, qui furent-ils, les uns pour les autres?
Meme, s’en souciaient-ils? Indifférents
Comme déjà leur mort leur demandait d’étre.
Toutefois celui-ci, qui reguarde cet autre,
Intimidé, pourtant! Etrange fleur
Que ce débris d’une photographie!

L’etre pousse au hasard des rues. Une herbe pauvre
A lutter entre les facades et le trottoir.
Et ces quelques passants, déjà des ombres.


Guardami, guardami, ho corso!

“Guardami, guardami, ho corso!”

Io ti sono vicino, Douve, ti rischiaro. Resta fra noi soltanto questo lume roccioso, questa breve ombra placata, le nostre mani che l’ombra attende. Salamandra sorpresa, tu rimani immobile.

Ormai vissuto l’istante in cui le carni più vicine si trasmutano in conoscenza.

Yves Bonnefoy (Tours, 1923) da Movimento e immobilità di Douve (Einaudi, 1997)

“Regarde-moi, regarde-moi, j’ai couru!”

Je suis près de toi, Douve, je t’éclaire. Il n’y a plus entre nous que cette lampe rocailleuse, ce peu d’ombre apaisé, nos mains que l’ombre attende. Salamandre surprise, tu demeures immobile.

Ayant vécu l’instant où la chair la plus proche se mue en connaissance.